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L’épanouissement au travail : laissons leur place aux émotions négatives ! [volet 1]

  • 17 janvier 2025

Et si, pour être plus heureux au travail, il fallait d’abord accepter de ne pas l’être tout le temps ?
Nous avons tendance à vouloir chasser les émotions négatives du monde professionnel, pensant qu’elles freinent la motivation ou la performance. Pourtant, le véritable frein, c’est notre biais de négativité : cette tendance naturelle à accorder plus de poids à ce qui ne va pas.
Plutôt que de les ignorer, il est temps de reconnaître ces émotions, de leur faire de la place et d’en faire un levier de progression — individuelle et collective.

Le terme d’épanouissement au travail laisse rarement indifférent : on l’adopte ou on le rejette avec véhémence.
À l’instar d’Angèle et Roméo Elvis dans leur chanson « Le spleen n’est plus à la mode », où ils dénoncent avec subtilité une forme de dictature du bonheur, j’aimerais aborder aujourd’hui une idée fausse qui persiste : que ceux qui militent pour l’épanouissement au travail cherchent à nier ou éviter les émotions négatives.

Eh bien non, c’est tout le contraire. Pour moi, elles ont toute leur place.

Le biais de négativité

En premier lieu, il est impossible de supprimer les émotions négatives : cela reviendrait à nier notre propre fonctionnement cérébral. C’est le fameux biais de négativité, bien documenté en psychologie.

Explication : Notre cerveau est câblé pour accorder plus de poids aux aspects négatifs qu’aux positifs. Si, au cours d’une journée, vous vivez plusieurs expériences agréables et une désagréable, cette dernière marquera davantage votre esprit. Non parce que nous sommes cyniques, mais parce que nous sommes humains.

Historiquement, ce mécanisme a été essentiel à notre survie. Comme l’explique Daniel Kahneman dans Thinking, Fast and Slow, l’amygdale, notre alarme intérieure, s’active face aux menaces réelles ou imaginaires. Ce réflexe nous a permis de détecter rapidement les dangers, augmentant nos chances de survie.
Aujourd’hui, ce mécanisme peut sembler décalé face aux défis modernes, mais il reste dominant.

Comment équilibrer ce biais en entreprise ?

Heureusement, nous pouvons entraîner notre cerveau à limiter cette prédominance, non pas en niant la réalité, mais en adoptant une vision plus équilibrée. Voici trois pistes concrètes pour les managers :

  1. Valoriser le chemin parcouru
    Dans nos outils de gestion, comme les to-do lists, les tâches achevées disparaissent souvent, laissant seulement celles encore à faire. Résultat : un sentiment de découragement.
    Encouragez vos équipes à visualiser leurs progrès. Soulignez régulièrement le travail accompli : c’est une source d’énergie pour affronter ce qui reste à faire.
  2. Célébrer toutes les victoires
    Grandes ou petites, chaque étape franchie mérite d’être reconnue. Cela ne nécessite pas de grandes cérémonies : un simple remerciement ou une remarque valorisante suffit souvent. Ces moments de reconnaissance donnent des repères, notamment en période de forte charge de travail.
  3. Se concentrer sur les opportunités
    Lors de réunions, commencez par les opportunités avant d’aborder les problèmes. Cela ne signifie pas éviter les difficultés, mais éviter de focaliser uniquement sur elles. Voyez les erreurs comme des leçons : cela favorise la progression et évite la spirale négative.

Une réalité encore trop rare

Malheureusement, dans beaucoup d’entreprises, l’inverse se produit : l’attention se concentre majoritairement sur les problèmes. Cela déforme la perception globale et amplifie les sentiments négatifs.
C’est ici que la psychologie positive intervient. Elle ne prône pas la suppression des émotions négatives, mais propose d’envisager les choses sous un autre angle. Comme le disait le professeur Keating dans *Le Cercle des poètes disparus*, changeons de perspective pour enrichir notre vision.

To be continued…

Ce biais de négativité est la première des trois raisons pour lesquelles il est essentiel de laisser une place aux émotions négatives en entreprise. Dans le prochain volet, je détaillerai une autre raison tout aussi importante.

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