
Rappel des volets précédents
- Volet 1 : Le biais de négativité
J’y expliquais que vouloir supprimer les émotions négatives en entreprise est non seulement impossible, mais contraire à notre nature humaine. - Volet 2 : Favoriser l’expression sans culpabilité
Je détaillais comment créer un environnement où chacun peut exprimer ses émotions négatives sans craindre le jugement ou la culpabilité.
Pour accompagner votre lecture, je vous invite toujours à écouter Le spleen n’est plus à la mode d’Angèle, un clin d’œil musical à notre sujet.
Volet 3 : L’intérêt des émotions négatives
Aussi inconfortables qu’elles puissent paraître, les émotions négatives ont une utilité indéniable. Le problème vient du raccourci que nous faisons souvent :
- Les émotions positives sont “bonnes”, dans le sens “moralement acceptables”.
- Les émotions négatives sont “mauvaises”.
En réalité, ce raisonnement est un malentendu. Les émotions dites négatives provoquent des sentiments inconfortables, mais elles ne sont ni meilleures ni pires en termes de valeur. Parfois, elles sont exactement la bonne réponse à la situation.
Les émotions négatives comme messagères
Les émotions négatives agissent comme des messagères. Apprendre à décoder leur message est essentiel pour y répondre de manière adaptée. Ce processus demande du temps et du travail quotidien, mais il peut être grandement facilité par l’intelligence émotionnelle.
Outil pratique : L’intelligence émotionnelle
Développée dans les années 1990 par John Mayer et Peter Salovey, et adaptée au monde professionnel par Daniel Goleman, l’intelligence émotionnelle se définit comme :
“La capacité à percevoir, comprendre, maîtriser et utiliser ses émotions pour favoriser son épanouissement personnel et professionnel.”
Ses 6 composantes
- Reconnaître et comprendre ses propres émotions
Cela implique d’aller au-delà de la simple conscience pour identifier les déclencheurs et les causes profondes. - Influencer et maîtriser ses émotions
Être capable de réguler ses émotions pour éviter qu’elles ne prennent le dessus. - Exprimer ses émotions
Savoir verbaliser ce que l’on ressent est une compétence essentielle. - Reconnaître et comprendre les émotions des autres
C’est ici que l’empathie entre en jeu. - Influencer positivement les émotions des autres
Attention, il ne s’agit pas de manipulation, mais d’aider les autres à adopter une perspective constructive, en toute sincérité. - Garder une attitude maîtrisée
Cette capacité permet de ne pas déformer la réalité sous le filtre des émotions, et de répondre de manière adaptée.
Développer son intelligence émotionnelle est un travail de longue haleine, mais il est indispensable pour tirer parti des émotions, qu’elles soient positives ou négatives.
Exemples pratiques
Voici quelques exemples concrets d’émotions négatives et des messages qu’elles peuvent transmettre :
- La peur peut nous alerter d’un danger imminent.
- La colère peut être un moteur pour agir face à une injustice, comme quitter un environnement de travail toxique.
Même les émotions inconfortables, comme la frustration ou la tristesse, nous poussent souvent à réfléchir, à ajuster nos actions ou à changer de cap.
Attention aux excès : Trop de positivité peut être un piège
Les psychologues Todd Kashdan et Robert Biswas-Diener expliquent dans The Upside of Your Dark Side qu’être trop heureux peut nuire à notre sens critique et nous empêcher d’identifier les améliorations nécessaires.
Refuser leur place aux émotions négatives, c’est se priver de signaux précieux qui permettent de progresser et d’améliorer les choses.
Le rôle du manager face aux émotions
Le manager de demain n’est pas celui qui simule un bonheur permanent ou qui exige que tout le monde soit heureux. C’est celui qui reconnaît l’ensemble des émotions comme une composante essentielle de la vie en entreprise.
Prôner l’épanouissement au travail ne signifie pas être heureux en permanence. Cela signifie travailler ensemble pour créer un environnement où les émotions positives peuvent émerger naturellement, sans nier les émotions négatives.
Pour aller plus loin
Si vous souhaitez approfondir ce sujet, je vous recommande les ouvrages suivants :
- L’intelligence émotionnelle de Didier Gailliègue (Éd. L’Harmattan)
- L’entreprise émotionnelle de Didier Gailliègue (Éd. L’Harmattan)
- Maîtrisez votre intelligence émotionnelle de Didier Gailliègue (Guide pratique)
Conclusion
Souvent inconfortables, les émotions négatives sont pourtant essentielles. Elles indiquent que quelque chose doit changer et peuvent être un moteur puissant pour agir. L’entreprise parfaite n’existe pas. Mais un environnement où toutes les émotions sont reconnues et acceptées est un terreau fertile pour l’épanouissement au travail.
Et vous, quelle place accordez-vous aux émotions négatives dans votre entreprise ?
To be continued… ou presque. 😉
