
Un mot consacré à la notion de bonheur au travail ?
Selon les résultats de l’étude ci-dessous menée dans différents pays européens, nous pouvons rapidement voir que les danois se situent en tête des niveaux de satisfaction au travail et d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle, là où les français se situent dans la moitié inférieure.

Job Satisfaction and satisfaction with work-life balance among people in paid work, by European country
Peut-être peut-on expliquer cette différence par le fait que les Danois ont un mot consacré à la notion d’épanouissement au travail ?
Arbejdsglæde (à prononcer « ah-bites-gleh-the ») : cette notion est tellement ancrée dans leur culture qu’ils ont un mot pour la décrire ! Être épanoui au travail est, pour eux, quelque chose de parfaitement normal. Aucun autre pays au monde n’a l’équivalent dans son vocabulaire, à l’exception de l’Allemagne avec le terme ArbeitFreude. Cependant, si vous ouvrez un dictionnaire allemand, vous constaterez que son usage est très rare, ce qui tend à prouver que ce n’est pas un concept profondément intégré dans leur culture.
À l’inverse, un pays comme le Japon possède un mot pour désigner un phénomène tragique : KAROSHI, qui signifie littéralement « mourir d’épuisement ».
En aparté
Officiellement, tout travailleur japonais a droit à 10 jours de congés dès 6 mois d’ancienneté et jusqu’à 20 jours après plus de 6 ans. Pourtant, en 2016, seuls 8,8 jours de congés étaient pris en moyenne, malgré une durée légale de travail de 40 heures par semaine. Dans un quart des entreprises, les travailleurs accumulent plus de 80 heures supplémentaires par mois. Ce mélange d’heures supplémentaires, de stress et de fatigue pousse chaque année plusieurs centaines de Japonais à la mort, par suicide, arrêt cardiaque ou AVC. En 2016, le gouvernement japonais a reconnu officiellement ce phénomène et adopté des mesures : obligation de prendre 5 jours de congés minimum par an, extinction des lumières dans les bureaux à partir de 22 heures… Pourtant, les travailleurs japonais restent jusqu’à 60 % moins productifs que les Américains, par exemple.
Et en France ? Parlons-nous de bonheur au travail, de bien-être, d’épanouissement ou encore de QVCT ? Les termes abondent, mais ils revêtent des définitions variées selon les personnes qui les utilisent.
Cette absence de consensus explique-t-elle pourquoi ces notions sont parfois moquées ou discréditées ? Comme le disait Nicolas Boileau : « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément. » Si ce concept semble flou à certains, il est facile d’y voir une chimère…
Essayons alors de le définir
De plus en plus d’entreprises mesurent la satisfaction des collaborateurs au travail. On parle aussi de bien-être, d’engagement ou de motivation. Est-ce bien de cela qu’il s’agit ? Eh bien, NON !
Se demander si l’on est satisfait au travail, c’est souvent rationaliser : on évalue les avantages et inconvénients. Mais l’épanouissement au travail, à mes yeux, n’est pas ce que l’on pense de son travail, c’est ce que l’on ressent.
Ma définition : l’épanouissement au travail est un sentiment de bonheur ressenti au travail.
Monsieur de La Palisse n’aurait pas mieux dit ? Peut-être… Mais ce sentiment n’est pas quelque chose que l’on décide. C’est quelque chose qui se produit.
Cela ne signifie pas être heureux chaque jour ou chaque moment de la journée. Ce n’est pas non plus une injonction : on ne peut forcer personne à être heureux, même soi.
Les émotions fluctuent entre « positives » et « négatives »… Tout est une question d’équilibre.
Combien de moments agréables faut-il pour compenser des sentiments désagréables ? Selon vous, que disent les études scientifiques ? 1 pour 1 ? 3 pour 1 ? 10 pour 1 ? Les scientifiques ne s’accordent pas sur un ratio précis, mais s’entendent sur un point : il faut plus d’émotions positives que négatives.
Ainsi, l’épanouissement au travail ne doit pas être confondu avec la satisfaction, le bien-être, l’engagement ou la motivation. Mais ces derniers peuvent en être une résultante.
Des collaborateurs épanouis sont plus engagés, plus motivés et tellement plus encore… Mais nous y reviendrons dans un prochain article.
Alors, que peut-on faire au sein de l’entreprise ? Les émotions étant personnelles et imprévisibles, cela signifie-t-il qu’il n’y a rien à faire ? Vous connaissez sans doute ma réponse… Bien sûr que non !
